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Le consensus de Washington : de la critique au dépassement

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C’est dans les années 1980, sous l’impulsion du FMI et de l’économiste John Williamson qu’une série de mesures économiques libérales est adoptée par les pays émergents alors en difficulté. Ces mesures baptisées Consensus de Washington forment en quelque sorte les dix commandements du libéralisme économique.

Le consensus de Washington désormais détrôné par le consensus de Shanghai ?
Le consensus de Washington aujourd’hui remplacé par le consensus de Shanghai ?

Sous l’effet combiné d’une crise de la dette difficile à enrayer pour les pays du cône Sud-Américain et nombre de pays africains, et la chute progressive du communisme, des mesures libérales à l’initiative des Etats-Unis vont peu à peu s’imposer pour les pays du « Tiers-Monde » en crise: c’est la grande époque des Plans d’Ajustement Structurels. Si ces mesures ont dans certains cas très particuliers, à la faveur de conditions politiques ou économiques idéales, réussi à endiguer la crise, les échecs seront nombreux. Pour tenter de trouver une réponse des plus rapides au camouflet du Consensus de Washington, certains pays vont donc peu à peu mettre sur pied des formules alternatives pour suivre la route vers l’émergence.

Dès la fin des années 1980, les dynamiques de rapprochement entre pays du « Tiers-Monde » constituent une première tentative de sortie de crise. Conscients qu’ils ne font pas le poids face aux géants de l’Occident, les pays d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est créent de multiples organisations régionales. Citons notamment la SAARC (Association d’Asie du Sud pour la coopération régionale), créée en 1985 à l’initiative de l’Inde et regroupant aujourd’hui sept pays d’Asie méridionale plus l’Afghanistan ; le MERCOSUR né en 1991 et qui compte aujourd’hui cinq membres (Brésil, Paraguay, Argentine, Uruguay, Venezuela) ou encore l’ASEAN établi en 1967 mais qui connaît une nouvelle actualité avec l’arrivée de nouveaux membres au cours des années 1990. Les degrés d’intégration sont variables d’un ensemble à l’autre, mais le leitmotiv reste l’élaboration d’une coopération Sud-Sud.

L’autre solution évoquée par les pays du Sud est la théorisation de modèles économiques qui prennent le contre-pied du consensus de Washington. Le consensus de Shanghai ou de São Paulo sont de ceux-là. Le consensus de Shanghai mise sur une libéralisation restreinte au seul secteur économique, tout en gardant une présence et un contrôle étatique forts. La persistance d’un modèle politique autoritaire permet une meilleure régulation du système économique et évite les dérives que l’on peut reprocher au néolibéralisme (spéculation abusive, disparition de petites entreprises nationales…). Le consensus de São Paulo mise quant à lui sur une relance de la croissance par la création d’emplois et la hausse des salaires (en augmentant la productivité), le maintien de tarifs attractifs pour stimuler les exportations et enfin la persistance de mesures protectionnistes en cas de besoin.

Les mesures prises par les pays en développement pour s’affranchir des dogmes imposés par Washington reflètent donc un besoin de recentrer ses intérêts vers soi ou tout au moins vers son environnement régional proche. Solution de troisième voie entre libéralisme et protectionnisme, l’intégration régionale a donc le vent en poupe au début des années 2000. Néanmoins, les divergences structurelles entre pays d’un même bloc, favorisant à l’épreuve de la crise l’émergence d’économies à plusieurs vitesses, ne tarderont pas à mettre en exergue la nécessité de repenser l’architecture de certaines organisations désormais trop polarisées autour de leaders régionaux.

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